Devoir, croire, faire, souffrir – une éthique des affaires du Moyen-Age pour le XXIème siècle ?

En s'appuyant sur la philosophie des documents de synthèse que sont le compte de résultat et le bilan, l'auteur évoque l'idéologie qui les sous-tend.
Qui a inventé le bilan ? Quelle était leur vision du monde ? Comment ce document a-t-il su s'adapter aux entreprises contemporaines ? Qu'est-ce d'ailleurs qu'une entreprise ? Qu'est-ce que l'argent ?

Si ce livre ne constitue ni un livre d'histoire ni un traité philosophique, il a l'immense mérite de remettre ces questions essentielles au cœur de réflexions qui se sont par trop laissées dominer par la fascination bien contemporaine de la technique et l'obsession des chiffres.
En remontant aux origines de la comptabilité contemporaine, l'auteur montre comment celle-ci est fondamentalement composée de phrases et non essentiellement de chiffres. Il montre comment, au fil des siècles, ces phrases ont été codées.

En révélant le code, dont la clé est finalement fort simple à utiliser, et en faisant avec le lecteur quelques exercices d'application, Jean-Pierre Audouin rend la lecture des documents comptables presque ludique, et en tout état de cause, il donne du sens à ce qui semble parfois arbitraire, réenchante les tableaux de chiffres en leur faisant raconter des histoires !

C'est en explorant l'histoire de la pensée en Occident que cet essai part à la quête du sens du sens, en recherchant ce qu'il pourrait y avoir de commun dans toutes les vérités souvent aussi péremptoires et définitives que contradictoires et successives qui s'y révèlent.

C'est qu'en 2 500 ans, en fait de Vérité, on aura dit à peu près tout et son contraire. Pourtant, si l'on y regarde de plus près, on découvre qu'au-delà de l'immense diversité des réponses reviennent inlassablement un tout petit nombre de questions qui semblent hanter l'esprit humain, qui apparaissent comme obsessionnelles et donc comme véritablement essentielles.

L'étonnement philosophique serait-il beaucoup plus restreint que l'affirmation philosophique ?

Finalement, les philosophes qu'a retenus la tradition occidentale n'ont peut-être jamais été mus que par six tensions fondamentales qui sous-tendent toutes leurs quêtes et tous leurs discours, comme ils sous-tendent toujours les nôtres.

Et si la vérité tenait plus dans la persistance de ces tensions elles-mêmes que dans les discours qui y répondent ?

Et si le sens tenait précisément dans la capacité à apaiser des inquiétudes ?

Le cheminement que nous propose l'auteur montre, au fil de ses rencontres, les liens profonds entre histoire de la pensée et histoire tout court ; et en avançant avec lui sur ce chemin, on entrevoit que l'arrivée au temps présent pourrait réserver bien des surprises.

Ce voyage est à la fois joyeux et fécond.

La raison d'être de Raison(s) d'être(s)

Les temps qui viennent seront intéressants à vivre, mais ils s'annoncent tourmentés, inquiétants et probablement violents. Le but de toute cette quête philosophique et historique est donc, au bout du compte, de disposer d'un peu du recul nécessaire pour porter un jugement sur le présent afin de s'y repérer et de pouvoir s'y comporter aussi dignement, décemment et utilement que possible.

Bref, l'ambition de cette quête du sens du sens est bien de tenter de déceler ce qui est fondamental par-delà l'écume des choses, de distinguer le constant de l'éphémère, l'essentiel de l'accessoire, et enfin de dégager quelques repères éthiques pour un monde à la dérive.

Car il n'y a pas d'éthique sans jugement de valeur, pas de jugement sans recul, de recul sans culture, ni de culture sans culture historique. Sans culture et sans respect de la culture, il n'y a pas de citoyens, rien que des consommateurs dominés par la peur, la solitude et l'ennui et prêts à toutes les aventures, à tous les errements et à toutes les capitulations.

Il faut miser sur l'intelligence et la raison. En continuant d'écouter nos chers penseurs à travers le prisme et le statut très particulier des notions de "facteurs de sens" et de "vecteurs de sens" dégagées dans le livre précédent, nous cherchons donc dans ce second livre à approfondir, confirmer, compléter ou invalider la pertinence du concept, et à chercher de quoi les facteurs de sens sont le symptôme.

Archéologie philosophique

Je pratique une sorte d'archéologie philosophique. En fouillant les strates d'un matériau empilé au cours des âges je cherche le substrat, les restes de ce sur quoi tout a été bâti. Les facteurs de sens ont été ma première découverte. Il faut continuer à creuser, à remuer, à analyser pour trouver ce qui se trouve encore sous ce substrat. Le fond du fond.

Si les facteurs de sens ont cette capacité de se contaminer les uns les autres, c'est nécessairement qu'ils ont des choses en commun, qu'ils sont consubstantiels. S'ils étaient totalement étrangers les uns aux autres, comme l'étaient les Catégories d'Aristote, il serait peut-être possible de les apaiser séparément et de vivre en paix. Mais ce n'est pas le cas.
Le livre précédent ayant établi ce qui fait la spécificité de chaque facteur de sens, le présent ouvrage va chercher à comprendre ce qui leur est commun, ce qui est à l'origine de leur nature commune. Or, il s'avère que jamais dans l'histoire tous les facteurs de sens ne parviennent à être définitivement apaisés à la fois.
Ce qui caractérise le fait humain, c'est bien une invraisemblable instabilité. Mieux vaut s'y résigner.

Il faut donc bien continuer le travail d'archéologie.
Partons donc résolument et lucidement à la recherche de ce qui se trouve sous les facteurs de sens, de ce dont ils sont eux-mêmes le symptôme et qui fait leur consubstantialité. Les découvertes archéologiques pourraient ouvrir des perspectives.

Et si vous avez manqué l'épisode précédent ce n'est pas grave, l'essentiel est résumé dans l'introduction du présent livre.

Nous ne sommes pas au bout de notre amusement, de nos fascinations, de nos découvertes et de nos surprises.